 
En résumé
Il existe deux versions de Jekyll : les SL avec fourche Fatty (jusqu'à 80 mm de débattement) et les SX avec fourche Lefty (100 mm). Fini le "Free-Ride" : Cannondale, après avoir généralisé cette notion marketing en VTT, laisse cette dénomination pour SX (Super Cross). A propos de la Lefty, seule la DLR (air/huile) du 900 permet, outre la variation de la précontrainte à l'infini, d'être verrouillable, à l'inverse de la version M (ressort/élastomère) du 700.
Tous les Jekyll sont à géométrie variable (par rotation 
        de l'amortisseur Fox Float dans une bague), ce qui permet de varier les 
        angles de direction/selle de 1,5° (taille M et L), et jouer ainsi 
        sur la stabilité ou la nervosité (ainsi que la garde au 
        sol). Seul le Fox Float RC, sur les modèles haut de gamme - dont 
        le 900SX - est verrouillable : en combinaison avec la Lefty 
        DLR, on obtient alors un VTT rigide, ce qui s'avère très 
        pratique en cas de passage sur le bitume ou dans un fort raidillon. Le 
        900SX reçoit également le bras oscillant CAAD4, plus léger 
        de 300 grs (voir comparatif 900/700). 
        La course arrière est annoncée à 120 mm (selon 
        la précontrainte de l'amortisseur). Dernier point, à propos 
        de la géométrie des Jekyll SX : l'angle de la 
        fourche est variable en jouant sur la hauteur de celle-ci. Je vous laisse 
        imaginer les combinaisons (lire article sur la Lefty).
        En adoptant le haut de gamme des Jekyll (bras CAAD4 et Lefty), on oubliera 
        à jamais les freins traditionnels : disk only. 
En tout état de cause, il faut prévoir l'achat d'une pompe haute pression (pour les amortisseurs) et de pédales (cela dépend de votre revendeur). Pour les adeptes du compteur, c'est impossible à l'avant. La ruse est à l'arrière, avec fixation du socle sur une des vis porte accessoires (prévoir une vis à tête conique, type cale de pédale auto). On notera une roue libre [très] bruyante et des pneus Continental pas glop : bien que très légers (460 grs), il faut les réserver pour un terrain meuble, car pénibles sur bitume ou rocher... ou les faire changer. Enfin, le blocage de tige de selle est à BTR, comme à l'accoutumé sur ces engins haut de gamme... histoire de grignoter 3 grs et énerver les revendeurs !
Sur le terrain - Derniers commentaires (été 2000)
Les premières rotations, en mai, sur les pentes du Ventoux et des environs de Fontaine-de-Vaucluse (84), ont été très appréciables. Manifestement, les véhémentes critiques à l'encontre des freins à disque Coda Expert semblent très exagérés, car même non complètement rodés, ils m'ont donné une excellente impression. Le blocage des suspensions n'est pas une vue de l'esprit, lorsqu'on doit rejoindre les pistes par la route : plus aucun pompage (on ne touche pas aux réglages des suspensions). Rappelons qu'il est aisé d'annoncer qu'une suspension ne pompe pas quand on "balance" 15 bars dans l'amortisseur et qu'on oublie le SAG. En ce qui me concerne, je ne souhaite pas rouler sur ce genre de vélo... j'ai choisi un tout-suspendu (ou tout-mou) pour son confort et le surplus d'adhérence qu'il apporte.
| Jekyll 900SX | Tableau Cannondale | 
| Cadre | Jekyll avec bras oscillant CAAD 4 | 
| Fourche | HeadShok Lefty DLR (voir article) | 
| Amortisseur | Fox Float RC réglage compression, détente (verrouillable) | 
| Jantes | CODA Expert Disc, 32 hole | 
| Moyeux | CODA Expert Disc | 
| Rayons | DT Competition, stainless steel, 1.8/1.6mm double-butted w/alloy nipples | 
| Pneus | Continental Explorer Pro, 26 x 2.10" | 
| Pédales | Sans | 
| Pédalier | CODA Expert EX3 Crankset | 
| Chaîne | 9-speed | 
| K7 | Shimano LX, 11-32 | 
| Boîtier de pédalier | Shimano 105 | 
| Dérailleur AV | Shimano LX | 
| Dérailleur AR | Shimano XT | 
| Manettes | Shimano LX | 
| Cintre | CODA Riser Handlebar | 
| Potence | CODA HeadShok | 
| Jeu de direction | CODA Headset | 
| Freins | CODA Expert Disc Brake | 
| Leviers | CODA Expert Disc | 
| Selle | CODA Expert Mountain Saddle | 
| Tige de selle | Kalloy SP-248 | 
| Couleur | Jaune, marquage noir, fourche noire. | 
| Tailles | S, M, L, X | 
| Poids | 12,5 Kg avec pédales Time Atac Carbone | 
Week-end du 1er mai au Ventoux
        En descente rapide, sur les pistes cailloux du Ventoux, le Jekyll s'est 
        avéré un peu moins stable que mon ancien Super-V FR, 
        mais le réglage de la fourche n'était pas optimum (problème 
        d'embout de gonflage) et les pneus Continental étaient peu à 
        l'aise sur ce type de terrain. 
Session à Fontainebleau
        Montage de pneumatiques IRC Mythos XC-K 1.95. L'engin est maniable, 
        léger. Le blocage de la Lefty permet de passer plus facilement 
        sur certaines "marches" : on évite ainsi le talonnage 
        de la fourche qui ne renvoie pas assez vite, car réglée 
        assez souple (je le répète, j'aime le confort !). Cette 
        fourche est assurément la digne représentante de la HeadShok 
        Moto FR, en terme de rigidité et de fonctionnement, avec 1 Kg 
        de moins. Le réglage de la détente (molette rouge) est toutefois 
        moins sensible et moins pratique. La transmission 9V se fait totalement 
        oublier et la position (amortisseur en avant : angles couchés) 
        est rassurante. Les freins répondent parfaitement. Il suffit de 
        veiller à régler la plaquette fixe (côté roue) 
        très près du disque, ce qui évite notamment le couinement. 
        Ceci fait, on règle la course des leviers à l'aide d'une 
        BTR 2 incrustée, puis la course effective des pistons avec 
        une BTR 5. Une fois effectués, ces réglages assurent 
        un fonctionnement progressif : le toucher est excellent et l'ergonomie 
        des leviers rappelle les V-Brake XT (sans les égaler).
Week-end de l'Ascension
        Sur les 32 km qui composent le circuit de Comblessac, 
        pure tracé de XC (très peu de bitume et de piste) avec ses 
        successions de raidillons, le Jekyll est en terre promise... il assure. 
        Sa nervosité et la précision de son train avant transforment 
        le parcours en plaisir. La transmission et le freinage se font oublier. 
        Cependant, les habitués des leviers XT V-Brake (comme moi) seront, 
        au début, surpris par la position des leviers Coda. En effet, on 
        note un écart de 2 à 3 cm entre les extrémités 
        levier/cintre. Cela vient du fait que les Shimano sont montés en 
        déport intérieur et pas les Coda. Afin d'ouvrir l'angle 
        des poignets, on déplacera vers l'intérieur les colliers 
        de serrage (pas trop, car les shifters seront trop éloignés).
Week-end de la Pentecôte
        Retour au mont Ventoux et dans les Dentelles de Montmirail. Montage d'un 
        IRC Kujo DH 2.25 à l'arrière et d'un Tioga Psycho II 
        à l'avant. Sur les parties caillouteuses, rapides, le Jekyll est 
        assurément moins à l'aise qu'un Super-V. Le poids y est 
        certainement pour quelque chose. Aussi, les jantes Coda Expert (donc Rigida 
        Taurus) avouent leur limite sur ce genre de terrain. Elles ont souffert... 
        car elles se destinent d'abord à la pratique du cross-country. 
        Attention aux chocs importants, qui plieront les flancs et déclencheront 
        des crevaisons intempestives, par pincement. Il est vrai qu'elles sont 
        montées avec des rayons DT fin (1.6/1.8) avec têtes de rayon 
        en Ergal, plus fragiles. Sinon, on est en présence d'une super 
        machine, très maniable et nerveuse. En trialisant lent c'est un 
        régal de précision, comme sur le single-track roulant et 
        meuble qui termine le circuit du Col des Tempêtes (un long slalom 
        entre les sapins). Le freinage est au Rendez-vous, n'en déplaise 
        aux esprits grincheux (deux Jekyll 900SX en piste), même s'il pourrait 
        être plus puissant. L'échauffement se manifeste, mais bien 
        plus tard qu'un V-Brake XT sur jantes Mavic. Cela dit, les plaquettes 
        d'origine sont tendres et s'usent rapidement sur ces pentes. Mais les 
        versions "blue" sont dispos chez votre revendeur Cannondale, 
        vraisemblablement plus mordantes et résistantes.
Eté 2000
        Afin d'être le plus objectif possible, et sortir du "premier 
        abord" (voire de l'aveuglement de la première rencontre), 
        voici mes derniers commentaires.
        Tout d'abord, j'ai eu pas mal de problèmes avec les roulements 
        Coda, à l'arrière. Il a fallu trois changements pour arriver 
        à quelque chose de correct. Cannondale est au courant, puisqu'ils 
        ont informé les revendeurs que le fournisseur (italien) avait modifié 
        la qualité des roulements sans préavis. Dommage, j'ai testé 
        pour vous !
        Cette mésaventure m'a permis de me rendre compte qu'il est assez 
        pénible de dépendre, à ce point, d'un revendeur Cannondale, 
        tant la spécificité des Jekyll est évidente (composants 
        Coda à presque tous les étages, Lefty et amorto Fox spécial). 
        A chacun d'apprécier l'importance de cette dépendance.
Le plus sonnant des bémols est, en fait, relatif 
        au confort du Jekyll SX. Sur terrain "calme" (single track en 
        sous bois, par exemple) il se comporte très bien, bien que - je 
        me répète - l'amortissement à air est nettement 
        moins progressifs et sensible sur petits chocs que les ressorts. En revanche, 
        dès qu'on aborde des terrains cassants, avec un peu de pente, ça 
        tabasse beaucoup [trop]. Même sur les pentes des montagnes du pays 
        basque (terre meuble, pâturages et nids de poule), j'ai eu du mal 
        à me sentir à l'aise. La polyvalence du Jekyll me semble 
        donc remise en cause. Je pense que cet engin donnera le meilleur en XC 
        ou "rando sportive", mais il ne faudra pas en attendre des miracles 
        en "free-ride" (disons en descente trialisante). Il est vif 
        et nerveux, mais pas assez stable et confortable pour être à 
        l'aise partout. A l'inverse du Super-V FR, un peu lourd pour le XC mais 
        dont la géométrie est plus à même d'envoyer 
        dans les descentes. 
        Enfin, les freins à disque Coda Expert, dotés de plaquettes 
        qui vont bien, sont effectivement progressifs mais pas assez puissants 
        pour attaquer des pentes longues et cassantes, à moins de ne pas 
        craindre les crampes aux doigts et l'irradiation des poignets et avant-bras... 
        une fois encore, XC : oui ! DH : non !
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